(Article recopié à la main de "Plantes d'aquarium" de Christel Kasselmann)
Les lacs du Rift africain :
Le Malawi et le TanganyikaBiotope n°7Pour les aquariophiles, ces deux lacs peuplés de très nombreux cichlidés aux couleurs multicolores sont un véritable paradis. La description de leurs différents biotopes ou l’auteur a répertorié de nombreuses plantes aquatiques montre qu’en dépit de l’opinion courante, les peuplements végétaux n’y sont pas rares. Cependant, malgré la taille des lacs, le nombre d’espèces y est limité.
Données EcologiquesCes lacs sont situés dans le Rift africain EST. Les zones littorales sont caractérisées par d’énormes pentes rocheuses, avec des falaises, des éboulis, des roselières, et du sable. Au cours de l’évolution s’y sont installées différentes communautés végétales. Les biotopes les plus intéressants, pour ceux qui aiment la faune riche de ces lacs, se situent vers les falaises et sur le littoral à éboulis. Le sol n’y convient pas aux plantes aquatiques supérieurs, et les plantes flottant librement ne peuvent non plus s’y maintenir ç cause du déferlement des vagues, semblable à celui de la mer. On a donc la une faune pisciaire intéressante, mais pas de plantes. Il faut pour en trouver aller vers les roselières et les zones sableuses, c'est-à-dire la ou le mouvement de l’eau est atténué, dans les baies tranquilles par exemple, ou les plantes peuvent s’ancrer.
Les conditions écologiques sont très particulières pour une zone tropicale : les valeurs de l’eau, sa grande profondeur et le déferlement des vagues provoquent une sélection bien rude. Néanmoins quelques espèces hautement spécialisées ou particulièrement résistantes et adaptables parviennent à s’y développer. L’échantillon d’eau du Tanganyika rapporté par W.Staeck a été prélevé vers Kalemie, au centre de la côte Ouest.
Communautés végétalesLa seule plante flottante du Rift est la laitue d’eau bien connue,
Pistia Stratiotes. Mais on ne la trouve que dans les anses et vers les iles offrant un abri sur contre les vagues. Cependant ce ne sont pas des conditions idéales, et elle ne parvient aucunement à former des peuplements aussi importants que dans les marais. Toutes les autres plantes aquatiques des deux lacs sont submergées ; les unes s’enracinent dans le sol, les autres flottent librement prés du fond.
Pistia StratiotesDans le Tanganyika comme dans le Malawi se développe principalement
Valisneria Spiralis var.
Denseserrulata. Ses habitats de prédilection sont les zones sableuses, les roselières et les zones à éboulis. Elle pousse à 50cm de profondeur, (rarement aussi jusqu'à six mètres), fermement enracinée dans le sable, aussi bien entre les rochers que dans les baies de sable ouvertes, dont on voit parfois les rives âpres la tempêtes recouvertes de feuilles arrachées en grande quantité. En comparaison des exemplaires de
Vallisneria Spiralis normalement cultivés en aquarium, celle-ci a des feuilles très coriaces, sans doute à cause de la composition chimique de l’eau.
Valisneria SpiralisDes spécimens rapportés en aquarium ont développé des feuilles aussi tendres que les spécimens habituellement cultivés en aquariophilie, ce qui signifie que la
Vallisneria Spiralis possède une grande souplesse adaptative vis-à-vis de son environnement lui conférant une grande résistance.
On trouve aussi très souvent dans ces lacs deux autres espèces,
Ceratophyllum demersum (Cornille) et
Myriophyllum Spicatum(Myriophylle en épi). De toutes les plantes qu’on y trouve, c’est la Cornille qui va le plus profond, jusqu'à 10 mètres, alors que le Myriophylle ne se rencontre que jusqu'à trois mètres. Toutes deux poussent souvent ensemble sans se gêner mutuellement. Elles montrent comme
Valisneria Spiralis des entre nœuds courts et des tissus rigides, à structure différente qu’en culture.
Ceratophyllum demersum est très compacte dans la nature, ne flottent pas librement dans l’eau ou la surface mais restent prés du fond ou le mouvement de l’eau est faible. Leur adaptation à ces conditions de vie particulières est évidente. Les pousses installées en aquarium y reprennent leur allure habituelle, se mettant à flotter à la surface de l’eau.
Ceratophyllum demersumMyriophyllum SpicatumD’autres espèces courantes dans les lacs Malawi et Tanganyika sont
Potamogeton Pectinatus et
Potamoton Schweinfurthii. Ou bien ils se développent ensemble, ou bien ils forment avec les précédentes de véritables champs sous-marins. Visiblement, ils colonisent la même niche écologique : anses abritées, roselières et zones sableuses.
Potamogeton PectinatusPotamoton SchweinfurthiiSur la côte exposée, ces plantes manquent presque totalement en raison du ressac. Cependant les deux espèces vivent à profondeur variant entre 0,5 et 4 mètres.
Potamogeton Pectinatus forme des feuilles très rigides, de 1mm de large,
Potamoton Schweinfurthii développe des tiges de 3,5 mètres de longueur, il est ainsi la plus grande espèce des lacs. Lui aussi possède des feuilles rigides et résistantes. Les feuilles des deux espèces présentent des dépôts de calcaire, dus aux valeurs extrêmes de l’eau des lacs.
La découverte de
Hydricilla Veticillata, dans la baie de
Ndole au sud du Tanganyika, a été particulièrement intéressante. Elle formait dans une zone sablonneuse de grandes colonies herbeuses, enracinées à environ 1 mètre de profondeur mais atteignant la surface. L’Hydrille verticillée est bien connue en aquariophilie, mais son apparence ici diffère de celles des plantes habituellement cultivées sous ce nom. L’auteur a trouvé en même temps
Najas Horrida, très visible à cause de son aspect inhabituel. Dans le Malawi, existent des tapis herbeux de
Najas marina ssp.
Armata, dans une roselière à proximité de
Monkey Bay.
Hydricilla VeticillataNajas marinaBien que ces trois espèces soient relativement rares dans les lacs, elles se sont bien développées ici.
L’adaptation essentielle des plantes aquatiques aux particularités des lacs est la formation de feuilles et de tiges à structure rigide. Néanmoins, on n’y retrouve pas d’espèces endémiques, à l’inverse des nombreuses espèces de Cichlidés qui s’y trouvent, mais seulement des espèces à large répartition très adaptables.
Données physico-chimique de l’eau des quelques biotopes particuliersTanganyika (Kalémié) (Zaïre)
Date : Juillet 1982
Température de l’eau : 27
pH-Wert : 9,5
Conductivité à 20°C : 593
Dureté Carbonatée (KH) : 18,4
Dureté Totale (GH) : 11,03
Dioxyde de Carbone CO2 : < 2 mg/l
Oxygène (O2) : 50,8 %
Sodium : 61 mg/l
Potassium : 31 mg/l
Ammonium : 0
Chlorure : 31 mg/l
Nitrate : 0